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La naissance d'un jardin autofertile

par Josianne Pelletier, M. Sc.  
Je jardine depuis 1998, c'est-à-dire depuis mon arrivée à Saint-Augustin, au Lac-Saint-Jean. Mon "retour à la maison" m'a permis de découvrir une de mes nouvelles passions: le jardinage. En l'espace de quelques années, j'ai pu réaliser un nouveau rêve: un jardin procurant à ma famille des fruits et légumes frais et sains en abondance tout au long de l'année. Tout a commencé par des lectures d'articles sur le jardinage autofertile parus dans différents numéros de Bio-bulle, les numéros 47 à 51 plus précisément.

Je suis donc partie d’un jardin familial "hérité" de ma belle-famille et ayant été cultivé selon les méthodes traditionnelles. J'arrive avec mes idées de rotation, de compostage, d'engrais verts, de purin d'ortie, de compagnonnage, voulant à tout prix faire le mieux pour mon jardin. Les superficies du jardin augmentèrent au fil des années, jusqu'à ce que je me retrouve avec trois superficies cultivables: un jardin principal de 35 pieds sur 105, une serre-tunnel de 18 pieds sur 72, et une nouvelle parcelle, tout aussi grande que la serre, découpée sur un des pacages de mon conjoint Serge. Tout cela pour vous dire que j'ai du pain sur la planche tout l'été, sans compter la petite famille qui occupe l'autre partie de ma vie.

POUR EN FINIR AVEC LE SARCLAGE
Donc, c'est en dévorant la série d'articles sur le jardinage autofertile que je me suis laissée conquérir par l'idée de ne plus avoir d'interminables heures de sarclage grâce à l'établissement de buttes autofertiles permanentes. Ouais! Moi qui passe chaque fin de printemps et chaque début d'été à sarcler, j'étais sur le point d'être saturée par les heures d'ouvrage que me procurait "mon rêve". Mes sources d'inspiration à ce moment-là étaient diverses. Entre autres, les excellentes publications d'Yves Gagnon, le magazine Bio-bulle, la revue du Programme Semencier du patrimoine Canada, la revue française Les Quatre Saisons du jardinage, la biodynamie au jardin avec Maria Thun, l'adhésion à la Société horticole de Saint-Henri-de-Taillon et, bien sûr, mes amies jardinières.

UNE FORMATION POUR DÉMARRER
En mai 2004, j'assiste à deux séances de formation pratique sur le jardinage autofertile: l'une sur la construction d'une butte permanente, l'autre sur l'établissement d'un plan d'eau. J'étais curieuse de voir à quoi ressemblaient ces fameuses buttes! Puis, tant qu'à y être, je suis allée à la journée sur le plan d'eau; là-dessus, je n'étais pas encore convaincue quant à son utilité. Quelle fin de semaine! J'ai été enchantée par les buttes qu'on y a faites. Quelle synergie procure le travail en groupe! Wow! J'étais tout simplement épatée du résultat! C'était encore plus que tout ce que je m'étais imaginé: il y avait les buttes recouvertes d'un paillis de feuilles mortes, les allées d'un paillis de copeaux de bois utilisées pour se déplacer d'une butte à l'autre, et puis les barres à béton (tuteurs) qui surplombaient les buttes, procurant ainsi une autre dimension au jardin pour en maximiser l'espace. Moi qui adore tout ce qui est grimpant: haricots, courges, pois... ça va être la fête! J'imaginais déjà tout l'espace que je n'aurais plus à utiliser en faisant grimper tout ce petit monde dans ces fameuses tiges de métal qui captent tout de suite l'attention. Quant au plan d'eau, l'excellente présentation du formateur sur le sujet m'a convaincue de l'importance d'offrir un abri aux alliés du jardin. Tout au fond de moi, ce qui m'a persuadée le plus d'intégrer les plans d'eau au jardin a été l'enthousiasme des enfants quand je leur ai dit qu'on allait avoir des petits étangs à grenouilles. Nothan, l'aîné des enfants, s'est même construit un mini-étang dans un coin de la serre; il le visite régulièrement pour voir si son fameux têtard a grossi.

De retour au Lac, j'entreprends tout de suite les démarches pour organiser la venue de Réjean Roy. J'avais beaucoup apprécié l'interaction entre le formateur et le groupe. Nous nous sommes entendus pour deux blocs de trois cours: un bloc donné dès l'automne 2004, où serait construite une première série de buttes chez moi à travers le cours pratique, et un autre donné au printemps 2005, où le deuxième cours pratique, L'Étang magique, nous permettrait de construire un premier plan d'eau.

La formation de six jours a été un vrai catalyseur pour moi, me stimulant à l'élaboration d'un nouveau projet: celui d'établir un jardin autofertile dans le jardin principal et dans la serre-tunnel. Au moment où je vous écris, le jardin principal est pratiquement terminé. Et quels résultats! Il est tout simplement magnifique! Nous l'avons baptisé le Jardin du haricot magique. Je planifie transformer la serre au printemps prochain.

L'INCONNU DU DÉBUT
Cette année, j'étais tout excitée à l'idée de commencer les semis et les plantations, mais je me suis sentie un peu perdue lorsque j'ai commencé mes premiers semis. Semer dans un carreau de 12 pouces mes carottes ou dans un cercle de même diamètre mes haricots sur chacune de mes buttes m'était tout à fait inconnu. Quel avantage à cela j'ai retiré cet été! En juin et juillet, je ne savais plus trop quoi faire de mes mains, contrairement aux années précédentes, où le sarclage était au menu de tous les jours. Tout ce qu'il me restait à sarcler, c'était le petit carré rempli de carottes à tous les pouces environ et quelques herbes folles sortant ici et là.

J'ai ainsi eu plus de temps pour aller me baigner dans le lac Saint-Jean avec mes enfants lors des chaleurs de juin et de juillet. Quelle vie! Pendant ce temps, les "jardiniers de l'ombre" (les bibittes dans le sol) et les jeunes plants étaient bien au frais sous le paillis de feuilles. Malgré le peu de précipitations connues dans notre secteur en juillet, le jardin se porte à merveille et est peu affecté par les conditions sèches du coin.

J'utilise un peu partout la technique de préparation des buttes pour les plates-bandes de fleurs et d'arbustes et autour de certains jeunes arbres. La formation en jardinage autofertile et en permaculture m'a permis de reprendre contact avec l'écosystème de mon jardin et d'être plus apte à répondre aux demandes de mon jardin. J'entends par là à pouvoir résoudre les problèmes et les imprévus au fur et à mesure qu'ils se présentent, et ce, à l'aide des règles du jardinage autofertile. J'ai acquis bien plus qu'un jardin autofertile... mais un nouveau mode de vie me permettant de prendre le temps d'apprécier ce qui se trouve autour de moi.
Article paru dans le magazine Bio-bulle no 61
Septembre 2005
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